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Christian Bobin (in "Souveraineté du vide" - Ed. Folio) - [Illustration : Atlas nautique portugais dit "Atlas Miller"]
Les livres établissent les coordonnées, tracent les cartes d'une contrée déserte, vouée à l'amour et aux herbes folles, traversée par des bêtes sauvages et douces, en quête de point d'eau, en quête du point d'eau du sommeil.
Christian Bobin (in "Le Très-Bas" – Ed. Folio)
Rainer Maria Rilke (in "Lettre à un jeune poète" - Ed. Flammarion)
Henry Laborit (in "Eloge de la fuite" - Ed. Folio / Essais)
Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l'arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l'horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu'ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime.
Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir ».
Rainer Maria Rilke (in "Lettres à un jeune poète" - Ed. Folio)
Tout n'est que porter à terme, puis mettre au monde. Laisser chaque impression et chaque germe de sentiment parvenir à maturité au fond de soi, dans l'obscurité, dans l'indicible, l'inconscient, l'inaccessible à l'entendement, et attendre avec une profonde humilité, une profonde patience, l'heure de l'accouchement d'une nouvelle clarté : vivre dans l'art, c'est cela, et cela seul; pour comprendre aussi bien que pour créer.
Théodore Monod (Naturaliste - Préhistorien) - (in "La grâce de solitude" - Ed. Dervy) - [Photo : Jean Schmidt]
Tout dépend de ce que l'on appelle la solitude. On n'est jamais totalement seul dans un désert. On peut être seul dans une ville, mais on ne peut pas être seul dans le désert. (...) La solitude est peut être dans le désert, mais le chercheur, lui, celui qui casse des cailloux ou qui ramasse des plantes, n'est jamais seul. (...) Je ne suis ni un aventurier ni un chercheur d'exaltation mystique ou spirituelle. Je suis un chercheur; un chercheur de choses précises. J'ai un but précis à chaque fois.
Albert Cohen (in "Les Valeureux" - Ed. Folio)
A six heures du matin, Pinhas Solal, dit Mangeclous, descendit tout habillé du hamac qui lui servait de lit dans la cave qui lui servait de chambre. Pieds nus mais comme de contume en redingote et haut-de-forme, il ouvrit le soupirail et aspira, les yeux fermés, les souffles de jasmin et de chèvrefeuille mêlés de senteurs marines. En hommage à la beauté de son île natale, il souleva son couvre-chef devant le paysage apparu dans le rectangle du soupirail, salua gravement la mer lisse et scintillante où trois dauphins folâtraient, les grands oliviers argentés et, tout au loin, les cyprès qui montaient la garde devant la citadelle des anciens podestats.(...) Comme pour prendre congé de lui même, il se contempla dans la vitre fêlée qui lui servait de miroir, posée contre le mur...
Schwaller de Lubicz (in Her-Bak Pois Chiche - Ed. Flammarion)
Quand on chemine en pays inconnu, chaque bifurcation place le voyageur dans l'indécision et le trouble; tout mirage, toute illusion risque de l'égarer; mais lorsque son choix est sagement fixé, son regard doit mesurer son horizon pour ne plus confondre les chemins.
Pierre Legendre (Philosophe) - (in "La fabrique de l'homme occidental" - Ed. Arte / Mille et une nuits)
Occidentaux industrialistes, nous avons inventé le bruit incessant, les montagnes d'objets, la présence totalitaire du plein. Désertant le vide, nous oublions qu'il faut une scène à l'homme et que, sans les artifices qui permettent à l'homme d'habiter la séparation d'avec soi et les choses, le langage s'effondre, pour devenir consommation de signaux.
Eugène Ionesco (in "Rhinocéros" - Ed. Folio) - [Gravure Rhinocéros (1515), par Albrecht Dürer]
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Je n'arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Les hurlements ne sont pas des barrissements! Comme j'ai mauvaise conscience, j'aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant! (...) Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais! Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. (...) J'ai trop honte! Malheur à celui qui veut conserver son originalité! Eh bien tant pis! Je me défendrai contre tout le monde! (...) Contre tout le monde je me défendrai! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout! Je ne capitule pas.
Mika Waltari (in Sinouhé l'Egyptien - volume II - Ed. Folio)
Car moi, Sinouhé, je suis un homme et comme tel j'ai vécu dans chaque homme qui a existé avant moi et je revivrai dans chaque homme qui viendra après moi. Je vivrai dans les rires et les pleurs de l'homme, dans ses chagrins et ses craintes, dans sa bonté et sa méchanceté, dans sa faiblesse et sa force. Comme homme, je vivrai éternellement dans l'homme et pour cette raison je n'ai pas besoin d'offrandes sur ma tombe ni d'immortalité pour mon nom. Voilà ce qu'a écrit Sinouhé l'Egyptien, qui vécut solitaire tous les jours de sa vie.
Henri Gougaud (écrivain, lauréat de la bourse Goncourt de la nouvelle en 1977) - (in "L'arbre d'amour et de sagesse" - Ed. du Seuil / Points)
Le voyage du héros légendaire est intérieur. C'est en ses profondeurs qu'il descent, éveillant des monstres, des dragons, des songes comme des nuées de feuilles mortes sous ses pas impatients. Plus il s'enfonce, plus il est solitaire. Au tréfonds une source ruiselle, une femme l'attend, dévoilée: la sagesse, le bonheur, la paix, la vie renouvelée. Ainsi est accomplie l'oeuvre religieuse du héros: il est devenu un homme majuscule car il a porté la lumière de sa conscience, à travers la nuit remuante de son inconscient, jusqu'à la source divine. Il a joint les deux bouts. Il est arrivé à la fin du moi et Dieu rit, délivré.
Antonio Machado (Séville 1875 - Collioure 1939)
… Caminante, son tus huellas
el camino, y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante, no hay camino,
sino estelas en la mar.
Dante Alighieri (1265-1321) (in La Divine Comédie - Le Purgatoire - extrait du Chant 31ieme)
"Au milieu des désirs que je suscitais en toi, qui te menaient à aimer le Bien au-delà duquel il n'est rien à quoi l'on puisse aspirer,
quels fossés au travers de ta route ou quelles chaînes as-tu trouvés qui t'aient contraint à abandonner l'espoir d'aller plus loin ?
et quels attraits ou quels avantages se montrèrent sur le front des autres pour que tu aies dû les courtiser ?"
Mulla Nasrudin (maître soufi) - (in "Chercheur de vérité" - Idries Shah - Ed. Spiritualité Vivante / Albin Michel)
Nasrudin emmenait un ami en voiture. Il filait à bonne allure. Soudain, entrevoyant un poteau indicateur, l'ami s'écria:
- "Mulla, nous allons dans la mauvaise direction!..."
- "Pourquoi ne penses-tu jamais à des choses agréables!" Répondit Nasrudin. "Tiens, par exemple, regarde un peu à quelle vitesse nous roulons!"
L’Anti-stress Blog Café est un blog qui vous offre une pensée à méditer et à commenter. Une seule citation tous les deux ou trois jours.
Ces pensées sont celles qui m'accompagnent au hasard de mes lectures.
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